samedi 3 janvier 2009

Plurk, où en est-on ?

Je ne suis pas un "early adopter". Je viens seulement de commencer réellement à me consacrer à Twitter. Mais comme tout le monde, j'ai des zines (comme on dit par chez nous). Et je me suis par exemple entiché du site Plurk.com suffisamment tôt pour vous proposer une petite review de son évolution, et même une petite comparaison avec le concurrent-phare Twitter.

Pour ceux qui ne le sauraient pas, Plurk est un service de micro-blogging qui propose donc comme Twitter de poster des messages de maximum 140 caractères que toutes les personnes suivant votre flux pourront lire. Quelles différences fondamentales avec Twitter qui justifie que l'on s'y intéresse? Aucune. Fondamentalement, le service est le même. Mais il existent une série de petites différences qui, je crois, ont mises l'une à côté de l'autre une influence considérable sur la manière dont on l'utilise.

Quelques différences en vrac : les plurks (correspondants des twits - les petits messages postés donc) de toutes les personnes que vous suivez s'affichent sur une ligne du temps colorée, personnalisable avec des petits monstres tout à fait sympathique. Chaque plurk a sa petite fenêtre propre (en plus de son URL) sur cette timeline et quand on clique sur cette fenêtre s'affiche toutes les réponses faites au plurk. Conséquence de ce changement d'interface, en plus de rendre ce service beaucoup graphiquement attirant, il facilite grandement les discussions. Evidemment, différents clients twitter permettent de faciliter ces conversations, mais plurk le fait "nativement".

Néanmoins, cette interface rend le partage de lien et la promotion beaucoup moins efficace à mon sens pour la simple raison que les plurk sur la timeline sont coupés après une quarantaine de caractères. L'utilisateur de cette façon doit faire une démarche positive (cliquer sur le plurk) pour voir le message dans son entierté et donc le lien éventuel, ou la description de celui-ci. Ce défaut est en partie compensé par la prise en charge dans Plurk des images et des vidéos de YouTube (et DailyMotion je crois).

Bon, à part cette différence d'interface, le système de Karma est une autre différence marquante. Le Karma est un score de chaque utilisateur qui mesure son activité sur le site. L'algorythme qui le mesure n'est pas connu, mais il comprend le nombre de messages postés, les réponses à ces messages, les personnes qui deviennent fans (des followers sur Twitter) et ceux qui vous demandent de devenir amis (followers réciproquent qui nécessite de s'accepter l'un l'autre). En soi, cela a pour effet de motiver certains, parce qu'un Karma élevé permet d'accéder à des bonus de customisation de sa timeline, des nouveaus smileys.

Mais surtout, ce Karma va me permettre, sans chiffre d'adhésion du site, de supposer l'évolution de son adoption. En effet, il est possible sur ce site de suivre l'évolution du karma de chaque utilisateur. Mais également sur la page d'accueil l'évolution du karma moyen sur Plurk.

Si on en croit la courbe ainsi dessinée, on constate qu'après une période turbulente jusque fin avril 2008, la courbe de Karma a soudainement chuté. Cela correspond de toute évidence à une période de forte adoption du service Ryanlim, et donc probablement à une forte adoption de Plurk. En effet, des gens avec un Karma proche de zéro, des débutants, sont arrivés en masse pour utiliser le service ce qui a forcément fait baisser le Karma moyen (il est allé plus bas que le Karma moyen d'origine, qui correspond à priori au Karma moyen d'adoption du service de suivi du Karma).

Suite à cette période de forte adoption, on a vu une période de forte augmentation (logique, beaucoup de nouveaux venus, donc beaucoup de gens qui progressent). Ce qui est par contre étonnant, c'est qu'après une période finalement assez plane qui correspond selon moi à un entre-deux (les actifs deviennent de plus en plus actifs, et des nouveaux arrivent suffisamment pour maintenir le Karma moyen à un niveau stable, sans compter les défections "normales"), le Karma moyen est reparti à la hausse (plus ou moins à partir de septembre 2008).

Or, c'est à ce moment-là, plus ou moins, qu'on a pu observer sur Plurk un mouvement de désertion. Il s'explique par la nature même du système de Karma à récompense. Il maintient l'intérêt tant qu'on a des objectifs à atteindre, des palliers. Mais une fois ces palliers atteints, les personnes qui étaient sur Plurk et y postaient pour le système de Karma ne voyait plus l'utilité du site et désertaient. Restèrent les autres, les motivés, qui continuèrent à progresser (moins vite, car la progression du Karma n'est pas linéaire).

Et donc, à priori, à ce moment-là, le Karma moyen aurait du descendre, à cause de l'abandon de leurs comptes par certains haut niveaux. Si il n'a pas diminué, c'est qu'il y a eu des gens pour maintenir la moyenne au même niveau. Deux possibilités alors : des nouveaux arrivants sont arrivés au rythme des désertions et ont soutenus la progression du Karma suffisamment vite ou alors, au contraire, très peu de nouveaux arrivants qui diminuent la moyenne de Karma et les motivés qui compensent alors les pertes engendrées par le départ des autres. Au vu de l'observation sur le terrain, je pencherai pour cette seconde proposition. En Belgique en tout cas, et plus généralement en francophonie, je constate qu'il y a très peu de nouveaux utilisateurs réguliers ces derniers mois.




Tout ça pour dire quoi ? Tout d'abord rappeler que Plurk ne s'utilise pas de la même façon que Twitter. Plurk est un outils de contacts interpersonnels. Il vise à créer des liens personnels entre les utilisateurs ou à maintenir ces liens, à la façon de Facebook. Des groupes se créent, des rencontres en réel s'organisent. Comme Plurk est moins intéressant pour partager des liens et du contenu internet, il sert plus à partager des expériences et des impressions personnelles, sa vie de tous les jours. Par nature, cela n'intéresse que les personnes plus proches. Cela explique selon moi la lenteur d'adoption déduite des éléments ci-dessus et les nombreuses défections. Cela risque par ailleurs de porter préjudice au site, notamment parce qu'il n'est pas utilisable pour faire de la promotion, et que donc on voit mal des gros blogs ou des gros trendsetters s'y installer pour partager leurs avis "professionnels". Mais c'est aussi ce qui fait le charme de l'outil évidemment, qui est, en réalité, bien plus destiné à un grand public que Twitter.

NDLR : la démonstration ci-dessus est grandement handicapée par un biais de taille. La ligne de mesure du Karma des utilisateurs est en réalité celle des utilisateurs inscrits sur le service Ryanlim. Il se pourrait donc que les tendances décrites soient en fait plus des tendances d'adoption de ce service que celles de Plurk. Néanmoins, ces tendances se confirment par mes constatations dans l'utilisation du service. Cette corrélation s'explique selon moi par le fait que le service est très connu sur Plurk et que de nombreux utilisateurs s'y inscrivent pour suivre l'évolution de leur Karma.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

On s'en tape, ça sert à rien ces sites d'éjaculateurs précoces de l'info, si ce n'est faire plaisir aux geeks et permettre aux gens d'afficher leur vie pour leur donner l'impression qu'ils existent aux yeux des autres. Faut vraiment avoir que ça à foutre dans la vie!

Yann Lebout a dit…

Mon premier troll. J'en ai la larme à l'oeil...

Anonyme a dit…

N'oublie pas de faire part de cet événement sur twitter, plurk ou autre plateforme inutile!

Yann Lebout a dit…

C'est fait. Merci pour le conseil...

L'épicier Normand a dit…

Que c'est beau un troll anonyme !