mardi 19 août 2008

Pourquoi j'évite le téléchargement légal...

Je vous ai parlé hier de mon aversion pour le téléchargement illégal, et plus particulièrement des bonnes raisons pour lesquelles on ne devrait pas aimer le téléchargement illégal, mais qui ne sont pas mes raisons. La vérité est bien pire, car les raisons pour lesquelles je refuse le téléchargement illégal s'étendent partiellement au téléchargement légal.

Bien sur, celui-ci a de grands avantages par rapport au piratage : les fichiers de qualités sont plus facilement accessibles, et il est possible de trouver des MP3 encodés dans une qualité tout à fait acceptable, même pour des DJ qui veulent passer leurs morceaux un peu fort sur des grosses sonos. De plus, le catalogue de titres disponibles, contrairement à ce qu'on dit, est nettement plus étendu que celui disponible illégalement, dès que l'on cherche quelque chose d'un peu particulier et qu'on a pas 2 semaines pour le télécharger.

Le légal a néanmoins des désavantages qui lui sont propres, et qui ne sont pas minimes. Le premier, et sans doute le plus visible, est le prix. Incomparable avec celui de l'illégal, il est de manière générale extrêmement élevé. Bien sur, l'achat par titre à 1 euro peut paraître intéressant financièrement. Reste que 10 euros pour un album sans aucun support physique est démesuré, d'autant plus que ce prix revient proportionnellement encore moins aux artistes...

Si on rajoute à cela que les plus gros sites de téléchargement légal ont une politique de protection des fichiers à l'aide de DRM relativement restrictive, on se retrouve avec des fichiers payé très chers et dont on n'a finalement pas les droits d'administration complets, qui ne nous "appartiennent" même pas. On se demande alors vraiment en quoi le téléchargement légal est intéressant, si ce n'est pour avoir accès de chez soi à un catalogue souvent beaucoup plus étendu que dans les chaînes de vendeurs de disques et même que chez les derniers disquaires indépendants .

Mais finalement, ce ne sont même pas toutes ces raisons pratiques, éthiques, techniques qui m'éloignent du téléchargement qu'il soit illégal ou légal. Les seuls véritable raisons sont d'ordre artistique.

Si pour le DJ, le format de référence serait le maxi ou à la limite l'EP, pour le passionné de musique, le format de référence serait sans doute l'album. Ce format est pourtant décrié par de nombreuses personnes : il s'agirait d'un format commercial, qui pousserait les artistes à produire beaucoup de chansons moyenne et quelques singles porteurs pour tirer l'album. Si cela est sans doute vrai pour les plus grosses machines commerciales, le format album apporte selon moi une véritable ampleur et ambition à un artiste. Réussir un bon album, cohérent sans être répétitif est malgré tout un défi formidable pour les artistes qui recherchent autre chose qu'un succès de court terme.

J'apprécie donc particulièrement ce format, non seulement pour l'ampleur musicale qu'il peut offrir, mais également pour toute l'iconographie et les symboles qu'il porte. J'aime non seulement le format album, mais également l'objet album CD comme certains aiment le vynile. Si j'apprécie réellement un album, je ne serai jamais satisfait avec simplement les fichiers sur mon ordinateurs. Je préférerais au minimum avoir une copie CD mais je ne serais réellement satisfait qu'avec le véritable album et sa pochette. Il n'y a que ce cette façon que j'ai l'impression de posséder une copie complète de l'oeuvre.

Bref, même si je pourrai me contenter de fichiers téléchargés et gravés pour des albums mineurs, il me faudra l'album et sa pochette complète pour apprécier les grandes oeuvres. Voilà la véritable raison pour laquelle je ne télécharge que rarement, et encore plus rarement illégalement. Peut-être s'agit-il de coquetterie et certains vont sans doute me rétorquer que tout le monde n'a pas les moyens de cette coquetterie. A ceux-là, je suggère d'utiliser les services de prêts médias, qui leur offrira l'album complet, dans une qualité CD, avec tout l'artwork, pour un prix démocratique. Finalement, il s'agit pour moi d'aborder la musique non pas comme un produit à consommer, comme un fichier MP3 qu'on accumule et perd sur un disque dur au milieu de milliers d'autres, mais comme un objet unique à conserver. En rendant à la musique sa valeur en modifiant notre manière de la consommer, nous pourrons peut-être modifier la manière dont elle est produite et éviter ainsi les dérives industrielles auxquelles nous assistons actuellement...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

"En rendant à la musique sa valeur en modifiant notre manière de la consommer, nous pourrons peut-être modifier la manière dont elle est produite et éviter ainsi les dérives industrielles auxquelles nous assistons actuellement..."

Voilà je partage entièrement cet avis !

Sinon pour en revenir au format, le CD était déjà l'invention destinée à la grande production musicale dans les années 80. En effet, si on les compare aux vinyles, les CD et leurs boitiers sont plus pratiques à ranger, à emporter, et ils possèdent une durée de vie bien plus longue que le vinyle (avantage du numérique contre l'analogique)... mais le vinyl est un si beau objet. Quel plaisir de pouvoir admirer la pochette ou lire les paroles imprimées à une taille respectable (contrairement aux booklet de cd)...

A essayer !

Anonyme a dit…

Sans avoir d'avis sur ce sujet précis (je suis trop jeune pour avoir connu la grande époque du vynil), je suis entièrement d'accord avec la beauté de l'objet même si en terme de qualité musicale pure, le CD est ne avancée par rapport au vynil, alors que le MP3 est un recul...

Il s'agit, à mon sens, d'une différence fondamentale, même si les objectifs commerciaux derrières les innovations dans la domaine de la restitution musicale sont rarement destinée à fournir mieux, mais bien à vendre plus.

Ce qui ne fonctionne pas en ce sens ne marche pas (voir l'échec du SACD et le semi-échec du MD).

Bref, je trouve que l'évolution du vynil vers le CD a des points positifs, alors que celle du CD vers le MP3 est, d'un point de vue artistique, désastreuse.

Anonyme a dit…

Comme je disais, je ne suis pas un fétichiste : ce qui m'importe, c'est la musique avant tout. Rechercher une pureté scientifique du son, ce n'est pas mon truc non plus. La musique et l'émotion qu'elle procure ne dépend pour moi ni du support ni de la technique. Donc je télécharge légalement, pour ses raisons, par facilité aussi, pour le catalogue presque illimité, pour la facilité à trouver par exemple le petit groupe US que personne ne connaît ici (vive le net). Et pas que iTunes : aujourd'hui j'ai télécharger sur Amie Street. Et puis, en parlant des dérives industrielles, je pense que le téléchargement est le meilleur exemple de longue traîne. Désolé d'avoir été si long, mais c'est un sujet qui me tient à coeur.

Anonyme a dit…

Je suis bien content de tomber sur quelqu'un pour qui l'album a encore de l'importance... Je suis entièrement d'accord avec ton avis, un album est bien plus qu'une dizaine de titres sur un seul support.