Bon, il fallait parler dans le cadre de ce dossier d'un Depeche Mode, soit d'Ultra, soit d'Exciter. Si je trouve Exciter bien plus intéressant musicalement et clairement sous-estimé (j'en parlerai peut-être aussi, tiens), Ultra est réellement un jalon dans la carrière du groupe.
Ils avaient connu leur plus grande époque en terme de reconnaissance publique avec Violator en 1990 (qui reprenait les titres "Enjoy The Silence", "Personnal Jesus", "Policy Of Truth" notamment) et le chanteur du groupe, Dave Gahan, avait commencé sérieusement à tomber dans la drogue. L'album qui suivit, Song Of Faith And Devotion, a révélé au groupe toutes ses tensions internes. A la suite de cet album, Alan Wilder quitte le groupe tandis que Dave Gahan s'enfonçe de plus en plus gravement dans la drogue et la dépression. Sans homme de studio et avec un chanteur très fragile, le groupe ne pensait pas survivre. C'est donc sans pression en terme de résultat et dans une ambiance terriblement somble que le travail d'Ultra commença, sans pour autant que la situation s'améliore énormément avec en point d'orgue l'overdose de Dave Gahan en 1996. Forcé de passer en désintoxication pour rester aux Etats-Unis, c'est l'électro-choc qui permit à Gahan de sortir de sa crise et sans doute l'événement qui permit l'aboutissement de l'enregistrement d'Ultra et qui permit aussi au groupe de ne pas se séparer.
C'est Tim Simenon qui produit Ultra après avoir touché à quelques titres de Bjork, Sinead O'Connor et Massive Attack mais surtout après avoir produit l'album de Bomb The Bass. Musicalement, que faut-il retenir d'Ultra ? Fondamentalement, pas grand chose... Les singles, sans doute, avec "Barrel Of A Gun", ses paroles à vous glacer le sang et son accord de guitare qui tue, "Home", "It's No Good" et "Useless" qui bénéficiera quelques années plus tard d'un remix assez acclamé de Kruder & Dormefeister. Pas étonnant, en réalité, de voir le titre repris en version lounge, la production d'Ultra est fort tirée vers le trip-hop et l'ambiant, en lien direct avec l'expérience du producteur. Cela causera beaucoup de tord plus tard au groupe qui perdra beaucoup en crédibilité sur Exciter, accusé à tord d'être de la guimauve pop et ambiant.
Le mot de la fin revient à Daniel Miller, patron du label de toujours de Depeche Mode, Mute, qui dit "It almost didn't matter what the album was like, there just had to be one". Cela résume bien la valeur de cet album, qui est peut-être le moins bon de Depeche Mode comme le plus important.
lundi 11 mai 2009
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3 commentaires:
J'aime bien tes analyses Yann. C'est vrai que Ultra est souvent sous estimé, sûrement pcq il a connu un succès commercial moins important que Exciter... En tout cas ce que j'aime chez Depeche Mode c'est sa capacité à se renouveler d'album en album en restant fidèle à ses origines cold-wave, indus etc.
Ce que j'adore aussi chez eux c'est leur capacité à s'entourer de ce qui se fait de mieux en terme de remixers à chaque sortie de single. En effet, ils sont toujours en constante évolution avec la scène électronique avec laquelle ils évoluent en parallèle.
J'ai lu un chouette article dans les Inrocks de la semaine dernière où ils expliquaient la domination du groupe par Martin Gore qui pourrait avoir eu un impact sur la consommation excessive de drogues de Dave Gahan. Sûrement pour compenser une frustration due au fait qu'il ne fait qu'interpréter les chansons de Gore alors qu'il est lui aussi un excellent songwriter. On pourra d'ailleurs s'en rendre compte sur ses deux albums solos qui serviront à Gahan de catharsis...
Tout d'abord merci !
Et si il est vrai que le monopole à cette époque de l'écriture par Martin Gore a du peser sur le moral de Gahan relégué au rang d'icône, cela a pu également peser sur celui de Gore auquel le grand public n'a jamais attribué la paternité de l'écriture de Depeche Mode tant ces chansons étaient attribuées à Dave Gahan vu leur pertinence exemplaire par rapport à l'image de Gahan...
Quand à l'excellence de Gahan en songwriter, je crois honnêtement que les deux se nourissent l'un de l'autre, car on arrive quand même à des résultats assez proches pour l'un comme pour l'autre. C'est réellement un duo dans l'écriture selon moi, et je ne pense pas que Gahan ou Gore auraient pu faire une carrière solo sans l'autre.
Oui c'est sans doute vrai. Les univers dépeints par Gore sont effet assez similaires de ceux abordés par Gahan en solo, et les thèmes sont souvent les mêmes.
Il est aussi certain que Gahan n'aurait pas connu un tel succès s'il n'avait pas fait partie de Depeche Mode. En tout cas ils ont eu tous deux plus de chance que le pauvre Vince Clarke qui saute du train Depeche Mode avant qu'ils connaissent un succès de masse :p
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